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CHU DE LIEGE

13

Infirmier de liaison

«

La chimiothérapie peut cependant être délivrée selon plu-

sieurs modalités

», précise le Pr. Brieuc Sautois. «

Elle est gé-

néralement associée à la radiothérapie, dans un traitement

de première intention ou après une chirurgie d’exérèse, si

la pièce de résection présente des caractéristiques péjora-

tives. On la délivre seule, en induction, dans la perspective

d’une préservation laryngée, ou à titre palliatif, pour retar-

der l’évolution fatale quand le cancer n’est plus curable.

»

Radiochimiothérapie de première ligne

La place de la chimiothérapie associée à la radiothérapie

est bien établie dans les cancers ORL avancés.

La radiothérapie est administrée à raison d’une fois par

jour pendant 5 à 6 semaines et la chimiothérapie compre-

nant un sel de platine (de préférence le cisplatine), une fois

par semaine, à une dose de 40mg/m

2

. «

C’est un traitement

de 7 à 8 heures, impliquant de longues périodes d’hydra-

tation par voie intraveineuse pour protéger la fonction

rénale

», souligne le Pr. Sautois. Outre l’accentuation de la

toxicité sur les muqueuses bucco-pharyngées, induite par la

radiothérapie, on compte en effet parmi les effets secon-

daires lourds du traitement une toxicité pour les reins, une

augmentation de la fragilité face aux infections et, dans

une moindre mesure, des nausées et des vomissements.

Chimiothérapie néo-adjuvante

Administrée de manière intensive, elle nécessite une hospi-

talisation d’au moins 5 jours. Elle combine le cisplatine, le

fluorouracile et le docetaxel (TPF) et concerne deux types de

patients : «

Lorsque l'on constate la présence d’une masse

tumorale importante, ou lorsque la croissance de celle-ci

est tellement rapide qu’il n'est pas souhaitable d’instaurer

d’abord la radiothérapie. On programmera alors 2 cures es-

pacées de 3 semaines, voire une 3

e

ou une 4

e

cure en fonction

de la réponse, avant d’embrayer avec un traitement local »,

explique le Pr. Sautois.

« Dans le deuxième cas de figure, on

souhaite privilégier la préservation laryngée. On commen-

cera par un traitement chimiothérapique selon les mêmes

modalités pour, si la réponse est correcte, remplacer ensuite

la chirurgie par la radiothérapie ou la radiochimiothérapie

. »

En induction, la chimiothérapie entraîne des effets secon-

daires extrêmement sévères : diminution profonde du

taux de globules blancs, nausées, vomissements, toxicité

rénale, alopécie complète et fatigue sévère.

Chimiothérapie palliative

«

Il existe un traitement de référence, lourd, qui n’a pas

nécessairement sa place dans tous les contextes palliatifs.

C’est une association de cisplatine, de fluorouracile et de

cetuximab qui nécessite en effet, assez paradoxalement, un

état général satisfaisant, en raison de ses effets secondaires

sévères

», précise le Pr. Sautois. «

Les autres traitements sont

davantage administrés

"

à la carte" : cisplatine éventuelle-

ment associé au fluorouracile, methotrexate, docetaxel ou

paclitaxel selon des modalités variables. Malheureusement,

ils sont généralement peu satisfaisants et offrent de faibles

chances de succès durable. On recommande parfois aux

patients de participer à une étude clinique pour tester de

nouveaux médicaments prometteurs.

»

La radiobiothérapie

Les anticorps (Ac) monoclonaux font, depuis quelques an-

nées, partie de l’arsenal thérapeutique en vigueur dans le

traitement des cancers ORL avancés. Le cetuximab, dirigé

contre le facteur de croissance épidermique, améliore l’effi-

cacité de la radiothérapie définitive des cancers localement

avancés. Il est remboursé, en Belgique, en cas de contre-

indication à la radiosensibilisation standard par cisplatine

(p. ex : faiblesse des fonctions rénales et médullaires). Il est

administré une fois par semaine, en hôpital de jour, dès

la semaine précédant la première séance de radiothérapie.

Il présente une toxicité propre, qui entraîne une éruption

cutanée de type acnéiforme et des réactions allergiques,

peu fréquentes, qui nécessitent la prise préalable d’un

antihistaminique et l'administration de l'anticorps dans un

environnement médical adéquat.

LIRE

+

Martin M., Demez P., Moreau P., Devillers D., Piret P., Sautois B.,

Chimiothérapie néoadjuvante dans les cancers

"

tête et cou

"

.

Rev Med Liège 2010 ; 65 :1 :15-17

Sautois B., Martin M., Demez P., Piret P., Devillers D., Moreau P.,

Place des anticorps monoclonaux dans le traitement des tumeurs

de la tête et du cou.

Rev Med Liège 2009 ; 64 : 5-6 : 284-286

Lorsque la chimiothérapie est réalisée

concomitamment à la radiothérapie, le taux de survie

à 5 ans s’améliore nettement, de l’ordre de 8% à 10%,

par rapport à celui obtenu avec une irradiation seule.

Plus de la moitié des patients traités pour un cancer de

la région oto-rhino-laryngologique présente, au moment

du diagnostic, un stade relativement avancé (III ou IV) qui

nécessite une prise en charge multidisciplinaire, associant

la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie,

ou des thérapies ciblées comme le cetuximab.

La chimiothérapie,

incontournable ?

Brieuc SAUTOIS