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8

MAGAZINE DE

L’ONCOLOGIE

La principale mission de l’anatomo-

pathologiste est d’établir, ou de confirmer,

le diagnostic d’une lésion, et en particulier d’un

cancer, en analysant des échantillons tissulaires.

«

Les échantillons analysés consistent parfois en de petites

biopsies, de l’ordre de quelques millimètres. D’autres

concernent des pièces de résection muqueuse orientées ou

des pièces chirurgicales plus ou moins étendues. L’analyse de

ces dernières nécessite un examen macroscopique minutieux

et une connaissance précise de l’anatomie complexe de la

sphère ORL

», explique le Dr Nancy Detrembleur (service du

Pr. Ph. Delvenne).

Le pathologiste sera amené à intervenir lors du diagnos-

tic (biopsie), pendant l’intervention chirurgicale curatrice

(examens extemporanés, notamment dans la pathologie de

glandes salivaires), en différé de cette dernière (examen de

la pièce d’exérèse chirurgicale) et, parfois, à l’occasion de

récidives ou deb compléments de chirurgie.

Au laboratoire, les

pièces chirurgicales

complexes font l’objet

d’une prise en charge

qui vise à donner toutes les informations utiles, non seule-

ment pour le diagnostic de la lésion, mais aussi pour son trai-

tement et son pronostic. Il s’agit donc d’évaluer la taille de la

lésion, sa profondeur d’infiltration, ses rapports aux marges

chirurgicales et aux autres éléments anatomiques présents

(os, structure vasculaire, glande salivaire, thyroïde, ganglion,

etc.) et d’échantillonner minutieusement la pièce chirurgicale.

Les informations révélées par l’examen microscopique

dépendront en grande partie de la pertinence de l’exa-

men macroscopique de la pièce chirurgicale. Le diagnos-

tic histologique découlera d’une analyse fine des cellules

constituant la tumeur, de leur disposition et de leur point

de départ. Le pathologiste fera la "chasse" aux emboles

lympho-vasculaires, aux infiltrations péri-nerveuses, aux

lésions précancéreuses associées et aux micro-foyers infil-

trants. «

Une mesure précise des dimensions de la lésion et

de sa distance par rapport aux différentes marges chirur-

gicales clôture l’analyse. Les principaux éléments de celle-

ci sont transcrits dans un protocole qui doit être clair et

complet

», précise encore le Dr Detrembleur.

Le diagnostic, parfois évident en cas de carcinome épider-

moïde, peut s’avérer difficile pour des tumeurs peu diffé-

renciées ou plus rares (comme celles des tissus mous, des

glandes salivaires, des ganglions lymphatiques) et inciter

le pathologiste à réaliser des colorations spéciales et divers

examens complémentaires.

Une notion émergente est la relation d’une fraction des

cancers de l'oropharynx et de la cavité buccale avec l’infec-

tion par certains types oncogènes de papillomavirus humain

(HPV). «

Ces cancers font actuellement l’objet d’une recherche

systématique dans les prélèvements anatomo-pathologiques

car les cancers HPV-induits ont généralement, et pour des rai-

sons non encore entièrement élucidées, un meilleur pronos-

tic que ceux observés chez les patients alcoolo-tabagiques

»,

observe le Pr. Philippe Delvenne. «

La vaccination anti-HPV

pourrait théoriquement avoir un impact sur l'incidence de

ces cancers. Cependant, la couverture vaccinale reste très

insuffisante dans de nombreux pays et, à ce jour, aucune

autre méthode de prévention des cancers des voies aéro-

digestives supérieures HPV-positifs n'est disponible.

»

L’anatomie pathologique,

spécialité primordiale

Le résultat anatomo-pathologique :

la clé de la prise en charge pour le clinicien

«

Lors du bilan initial et de la panendoscopie, des biopsies

sont réalisées de manière systématique : elles permettront

d’offrir un diagnostic histologique qui sera évidemment

à la base du traitement

», explique le Pr. Pierre Demez.

«

Par ailleurs, la discussion des pièces opératoires est également

essentielle. En effet, nos chirurgies sont parfois complexes

d’un point de vue anatomique, et les pièces opératoires qui

en résultent sont souvent difficiles à comprendre et à orienter

pour nos confrères anatomo-pathologistes. Il nous est donc

apparu rapidement qu’il était indispensable de discuter de

chaque cas. C’est pour cette raison que, après chaque

intervention carcinologique, nous allons porter personnel-

lement nos pièces opératoires et les détaillons oralement et

précisément. Ces discussions offrent la possibilité aux anatomo-

pathologistes d’analyser convenablement les marges.

L’analyse fine de ces pièces nous donnera d’autres renseigne-

ments indispensables sur les facteurs de mauvais pronostic que

sont les atteintes des marges chirurgicales, les emboles péri-

nerveux ou lymphatiques, les lésions apparaissant multi-focales

ou encore les ruptures capsulaires ganglionnaires. Ceci influen-

cera tant le pronostic du patient que sa prise en charge, avec

adjonction éventuelle de traitements adjuvants à la chirurgie.

»

Philippe DELVENNE

Å

Une immunoréactivité élevée

pour la protéine p16 (marqueur

cellulaire potentiellement

induit par un HPV oncogène)

est observée dans un cancer

infiltrant de l’oropharynx.

Pièce de pelvi-glosso-mandi-

bulectomie gauche élargie.

Æ