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CHU DE LIEGE

19

«

Le patient qui reçoit le diagnostic d’un cancer ORL n’ima-

gine généralement pas l’importance de sa santé dentaire

dans le décours de sa thérapie

», admet Francine Hérion.

«

Pourtant, l’état bucco-dentaire va jouer un rôle essen-

tiel dans le bon déroulement de son traitement, principa-

lement s’il doit subir une radiothérapie. La bouche d’un

patient irradié ne réagira plus jamais comme celle d’un

patient lambda, que ce soit en termes de cicatrisation, de

salivation ou de souplesse. Les effets secondaires d’une

radiothérapie sont multiples et certains persistent

. »

Outre la sécheresse buccale, qui accélère les phénomènes

de déchaussement et de caries, la radiothérapie fragilise

en effet considérablement l’os de la mandibule : «

Elle

provoque une baisse importante du nombre de cellules

et une diminution de la vascularisation. L’os présente

alors un risque important d’ostéoradionécrose, dont

l’une des causes est l’extraction dentaire en secteur irra-

dié

». Les capacités cicatricielles, liées à sa cellularité et à

sa vascularisation, sont tellement diminuées que la plaie

post-extractionnelle ne guérit pas. Le tissu osseux, expo-

sé dans la cavité buccale, est immédiatement contaminé.

Cette contamination empêche la cicatrisation muqueuse

et gingivale. «

L’ostéoradionécrose est une complication

extrêmement difficile à soigner et parfois invalidante

»,

insiste Francine Hérion. «

Il est donc crucial de soigner

ou d’extraire les dents qui ne sont pas saines dans les

futurs secteurs irradiés. La radiothérapie, surtout après

une chirurgie carcinologique, peut également entraîner

une contracture permanente de certains muscles impli-

Prendre le temps : de connaître le dossier, d’installer son patient, de ne pas travailler dans

la douleur, même quand les délais sont très courts (il faut 21 jours entre une extraction dentaire et

la première irradiation). Pour Francine Hérion, chef de clinique en médecine dentaire et spécialiste

en parodontologie, «

créer la confiance, c’est le premier geste thérapeutique

».

qués dans l‘ouverture buccale. Ce trismus peut avoir

pour conséquence de rendre techniquement impossible

les soins conservateurs de certaines dents, car l’ouverture

buccale n’est plus suffisante pour l’utilisation des appa-

reils comme les contre-angles et les turbines montées

d’une fraise, par exemple. L’évaluation d’un éventuel

trismus à long terme est très difficile

».

Si la mise en état bucco-dentaire (extraction de toutes les

dents des secteurs à irradier) a longtemps été radicale, on

lui préfère aujourd’hui les mises en état dites

"

modulées

"

,

qui vont dépendre en grande partie de la compliance

du patient. Les risques de caries et de déchaussement,

majorés, impliquent en effet des soins minutieux et régu-

liers s’il veut garder ses dents : gouttières de fluoration,

pour éviter l’odontoradionécrose et les caries radiques

très agressives, brossage méticuleux, contrôle dentaire et

parodontal trimestriel. «

Il est essentiel de bien connaître

la pathologie et le traitement anticancéreux que va subir

le patient et de prendre le temps d’expliquer les consé-

quences que cela va avoir au niveau buccal, afin de créer

une relation de confiance

», conclut Francine Hérion.

«

Le maintien de la relation avec le dentiste généraliste,

qui suit le patient depuis parfois de nombreuses années,

est également très important et implique, notamment

par l’établissement de plans de soins précis, une bonne

communication entre spécialistes et généralistes.

»

Dentisterie et oncologie ORL :

l’association nécessaire

Qualité de vie

« ... L’état bucco-dentaire du patient va jouer un rôle

essentiel dans le bon déroulement de son traitement,

principalement s’il doit subir une radiothérapie... »

Francine HÉRION