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MAGAZINE DE
L’ONCOLOGIE
Si, en l’absence d’étude prospective randomisée, il est gé-
néralement admis que les résultats ne sont pas meilleurs
en chirurgie qu’en radiothérapie pour les cancers débu-
tants du larynx, l’équipe du Pr. Moreau pratique de préfé-
rence la chirurgie de première intention : «
C’est un choix
calculé : aux Etats-Unis, par exemple, on commence par
irradier. Mais la littérature montre qu’il y a 10% de réci-
dive pour les T1 et 30% pour les T2 et, vu qu'on ne peut
pas irradier une seconde fois, on est alors le plus souvent
contraint de pratiquer une laryngectomie totale. Nous,
nous préférons commencer par une chirurgie laser car elle
ne ferme aucune voie pour la suite du traitement
».
« ...
Aux Etats-Unis on commence par irradier.
Nous, nous préférons commencer
par une chirurgie laser car elle ne ferme
aucune voie pour la suite du traitement
... »
Chirurgie
LIRE
+
•
Head and Neck Cancer: Multimodality management
.
Edité par 1. Bernier Springer, New York, 2011.
Chapitre 25 de ce livre : Laser Endoscopie Treatment
par P. Moreau et P. Demez
•
Pignon J., Bourhis J., Domenge C el al.
Chemotherapy added
to loco-regional treatment for head and neck squamous-cell
cancer: three meta-analysis of updated individual data.
Lancet 2000; 355 : 949-955
•
Moreau P.
Treatment of Laryngeal Carcinomas by Laser
Endoscopie Microsurger
y
Laryngoscope 2000; 110 : 1000-1006
Hypopharynx : la radiothérapie en première intention
Les pronostics sont également moins bons, "ingrats", dans
le traitement des cancers de l’hypopharynx : l’invasion
des ganglions est la règle et fait chuter les taux de survie
à 20%. «
Quand un cancer ORL dissémine, c’est d’abord
dans les ganglions lymphatiques de la région, avant de
disséminer à distance. Cela a une influence considérable
sur le diagnostic. Ainsi, un cancer des cordes vocales en-
vahit les ganglions dans 2 à 3% des cas ; un cancer du
vestibule laryngé (étage supra-glottique), dans 30% des
cas ; un cancer de l’hypopharynx, dans 70% des cas
»,
souligne le Pr. Moreau. On choisira donc généralement
la radiothérapie comme traitement principal pour l’hypo-
pharynx, « s
auf pour les toutes petites tumeurs, que l’on
opère par laser, et pour les très grosses, qui envahissent
les cartilages, sur lesquelles les rayons n’ont pas d’effet et
qui nécessitent une laryngectomie totale
».
«
De même
», explique-t-il, «
pour un cancer de la cavité
buccale, par exemple l’angle mandibulaire, on reconstrui-
sait avec un lambeau myo-cutané pédiculé de grand pec-
toral ou alors on ne reconstruisait pas. On voyait donc les
patients avec une forte latéro-déviation mandibulaire.
L’arrivée des lambeaux libres a réellement révolutionné
les résultats, à la fois chirurgicaux et esthétiques
».
« Il y a 20 ans, une biopsie ganglionnaire était souvent
pratiquée devant un tel ganglion, ce qui est une erreur et
péjore de moitié le pronostic »
commente le Pr. Moreau.
« Aujourd'hui, c'est devenu beaucoup plus rare, car les
intervenants savent qu'il faut d'abord réaliser un bilan O.R.L.
avec panendoscopie et un scanner du cou et qu'ainsi on
découvre le plus souvent le site primitif, responsable de
l'adénopathie, évitant la biopsie ganglionnaire ».
Mandibulectomie droite.
Evidement cervical droit.
Le ganglion cervical : un piège !