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16

MAGAZINE DE

L’ONCOLOGIE

Le service de diététique du CHU fait partie

intégrante de l’équipe pluridisciplinaire : il suit le

statut nutritionnel du patient tout au long de son

parcours.

Nourrir

:

une prise en charge essentielle

« Chez le patient oncologique, la dénutrition et le phéno-

mène de cachexie cancéreuse sont fréquents et peuvent cau-

ser la mort des patients jusque dans 20% des cas. Ces proces-

sus multifactoriels sont accompagnés d’une perte irréversible

de la masse musculaire, qui a un impact négatif direct sur la

déglutition »

, constatent Catherine Lefebvre, diététicienne,

et Anne-Marie Verbrugge, diététicienne en chef.

« Dans le cas

des cancers ORL, la difficulté supplémentaire est de faire passer

les aliments dans la bouche et le tube digestif. L’altération du

statut nutritionnel qui en découle entraîne une diminution de

la qualité de vie du patient, une diminution de l’efficacité des

traitements et une augmentation de leur toxicité ainsi qu’une

augmentation des dépenses de santé, ce qui fait de la dénutri-

tion un facteur indépendant de morbidité et de mortalité. »

Catherine LEFEBVRE

et Anne-Marie VERBRUGGE

Auteur d’une thèse sur la qualité de vie, le Pr. Pierre Demez

s’interdit toujours de répondre à la question que posent inévi-

tablement tous les patients :

« Que feriez-vous à ma place ? »

.

«

Parce que nous ne sommes pas à leur place. Parce qu’en tant

que médecin, on voudrait préserver la qualité de vie, alors

que ce que veulent les patients, c’est guérir, quel qu’en soit le

prix. Mais aussi parce que, quand on touche à la sphère ORL,

on touche à l’alimentation, à la parole, à la respiration. Para-

doxalement, l’alimentation est plus importante que la pa-

role, socialement parlant, dans nos contrées franco-latines :

se mettre à table, c’est plus que prendre un repas, c’est par-

tager quelque chose. Quand vous êtes nourri par sonde, que

vous n’avalez plus de nourriture solide ou que vous bavez,

cela a une incidence de poids sur votre vie sociale. Pour toutes

ces raisons-là, pour des raisons d’image et aussi d’estime de

soi, il peut arriver que l’on renonce à la chirurgie, par exemple

une laryngectomie totale, et que le patient soit orienté vers

un protocole de préservation d’organe sous forme d’une

radio-chimiothérapie. Lors de l’annonce du diagnostic et des

possibilités thérapeutiques, outre les chances de guérison, les

implications en termes de qualité de vie sont largement dis-

cutées et rentrent en ligne de compte dans la prise de déci-

sion finale, en fonction des impératifs de chaque patient. Par

ailleurs, quelle que soit cette décison, un support important

sera proposé au malade de manière à lui assurer la qualité

de vie la plus acceptable possible. Notre équipe comprend,

en effet, dans cette perceptive, une psychologue, des diété-

ticens, des kinésithérapeutes et des logopèdes, dont le rôle

est primordial.

»

LIRE

+

P.Demez, P.Moreau,

Perception of head and neck cancer

quality of life within the medical world: a multicultural study.

Head and Neck. 2009 Aug ;31(8) :1056-67

« Le but du médecin est de sauver le patient. En matière d’oncologie, et singulièrement d’oncologie ORL, on doit

garder à l’esprit que, plus que survivre, il doit vivre: s’il ne peut plus manger, parler ou respirer seul, le but est-il atteint?»

La qualité de vie du patient,

un facteur clé

Qualité de vie