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MAGAZINE DE
L’ONCOLOGIE
Autres
tumeurs
La grande majorité de ces cancers rares exigent une prise
en charge chirurgicale, très fréquemment associée à un
traitement adjuvant. Le pronostic varie d’un type histolo-
gique à l’autre et, le plus souvent, aucun facteur de risque
n’est retrouvé ou incriminé. Outre ces lésions, d’autres
localisations tumorales relèvent de l’oncologie cervico-fa-
ciale, comme les sinus de la face, les glandes salivaires et
le cavum.
«
Les cancers des sinus sont rares : nous en traitons une
dizaine par an. Les symptômes les plus fréquemment re-
trouvés sont l’obstruction nasale, les céphalées, les épis-
taxis et les troubles de l’odorat
», explique le Pr. Demez.
«
Les ouvriers du bois et du cuir sont les plus susceptibles
de développer ces adénocarcinomes (reconnus pour ces
professions comme maladie professionnelle). Le tabac
est encore une fois incriminé dans l’apparition des car-
cinomes épidermoïdes des sinus. Le traitement est quasi
systématiquement chirurgical dans un premier temps.
L’évolution chirurgicale fait que, depuis quelques années,
les abords endoscopiques sont de plus en plus fréquents
et peuvent même emporter de la méninge, voire du lobe
frontal envahi par le processus tumoral. Cette chirurgie
sera très souvent suivie de radiothérapie, voire d’une
association de chimio-radiothérapie.
»
La douleur, un symptôme à ne pas négliger
La pathologie salivaire occupe également une partie de
l’activité de l’équipe du Pr. Moreau : «
Chaque semaine,
nous prenons en charge et opérons des tumeurs de pa-
rotide. Environ 20% de celles-ci seront cancéreuse
s ».
Ces cancers des glandes salivaires se rencontrent le plus
souvent au niveau parotidien, rarement au niveau sous-
maxillaire ou sublingual. Aucun facteur de risque n’est
reconnu dans la survenue de ces cancers. Les symptômes
qui doivent attirer l’attention sont le syndrome de masse,
la fermeté de cette masse et sa fixation aux plans environ-
nants, la douleur (rarement présente dans les tumeurs bé-
nignes) et la paralysie faciale. La chirurgie reste le traite-
ment de base de ces tumeurs et entraîne, dans un certain
nombre de cas, le sacrifice du nerf facial. La radiothérapie
suit le plus souvent l’exérèse, et la chimiothérapie n’est
discutée que pour certains types histologiques.
Quant aux cancers du cavum, leur type histologique le
plus fréquent est le carcinome nasopharyngé indifférencié
("UCNT"en anglais). «
Certaines communautés ethniques
sont plus régulièrement frappées par cette pathologie :
les habitants du pourtour méditéranéen et surtout de
l'Asie du Sud-Est
, explique encore le Pr. Demez. «
Une obs-
truction nasale, des épistaxis ou une hypoacousie unilaté-
rale d’apparition récente (par obstruction de la trompe
d’Eustache) doivent attirer l’attention et faire réaliser
une exploration. La prise en charge de ces patients est
radiothérapique, souvent potentialisée par une chimio-
thérapie. La chirurgie ne garde une place que rarement,
en rattrapage. L’infection par le virus d’Epstein-Barr (EBV)
est considérée comme responsable de ces cancers
».
La cancérologie cervico-faciale ne prend
pas en compte uniquement les carcinomes
épidermoïdes des voies aéro-digestives supé-
rieures. D’autres types histologiques de lésions
néoplasiques (carcinomes adénoïdes kystiques,
sarcomes, adénocarcinomes, pour n’en citer que
quelques-uns) relèvent également de la spécialité
de l’équipe du Pr. Moreau.
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+
•
Pour plus d’informations sur l’ensemble des tumeurs
rares de la tête et du cou :
refcor.org, site du REFCOR
(Réseau d’Expertise Français sur les Cancers ORL Rares
dont le service d’ORL du CHU de Liège fait partie)
Cancer du sinus maxillaire
étendu à la peau et à l'orbite
Après exérèse
Après parotidectomie
Cancer parotidien (carcinome
à cellules acinaires)