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MAGAZINE DE
L’ONCOLOGIE
Depuis septembre 2013, le service
d’ORL dispose d’une psychologue référente.
Un élément essentiel pour le cheminement
du patient vers
"
la vie avec
"
.
Psychologie :
vivre avec une nouvelle image de soi
Le choc. La révolte, la colère, la tristesse, « qui vont et
viennent tout au long de la maladie ». L’anxiété, omnipré-
sente. «
Les patients sont différents, leurs pathologies et
leurs réactions psychologiques aussi. Mais, globalement,
ce sont les sentiments qu’ils éprouvent dans le parcours de
la maladie
», explique Justine Rahier, psychologue. «
Je ne
peux intervenir sur la maladie et ses implications. Mais je
peux proposer un espace dans lequel le patient est enten-
du et reconnu dans les souffrances qu’il rencontre
».
Malgré la diversité des cancers de la sphère ORL, ils ont
ceci de commun qu’ils touchent majoritairement des pa-
tients éthylo-tabagiques. «
Ces patients ont souvent des
souffrances préexistantes, au niveau du mode de vie et des
secteurs socioprofessionnels, financier et/ou familial : il est
essentiel de tenir compte de cette particularité dans leur
accompagnement.
»
Les tumeurs ORL portent en outre atteinte «
à un secteur
corporel qui se voit et qui fait appel à de nombreuses fonc-
tions vitales. Ces tumeurs affectent la respiration, l’alimen-
tation, la communication, mais aussi la vie amoureuse et
sexuelle : la bouche est un organe sensuel. Le schéma cor-
porel et identitaire, ainsi que les repères du patient, sont
bouleversés. Cela peut induire une rupture de la relation
aux autres. Le processus de reconstruction et de réhabili-
tation peut donc prendre du temps
».
Ce processus est fait «
de petits objectifs à se donner, de
petits outils à utiliser, de petites étapes à franchir afin
que les patients redécouvrent qu'ils ont en eux, et autour
d'eux, des ressources qui les aideront à vivre la maladie au
mieux
».
Dans l’avenir, Justine Rahier souhaiterait parvenir à la
création d’un groupe de parole au sein du service d’ORL.
Cet espace permettrait au patient de pouvoir exprimer et
partager ses émotions, ses questionnements et son vécu
avec des personnes qui traversent des situations similaires :
«
Les patients se sentiraient moins seuls, eux qui ont par-
fois du mal à se laisser accompagner, ou, au contraire, à
pouvoir être considérés dans leur singularité
».
Car apprendre à vivre avec la maladie et ses conséquences
prend du temps : «
Certains patients restent chez eux,
parce qu’ils se sentent regardés où qu’ils aillent
».
«
Accueillir le patient dans sa singularité, entendre et re-
connaitre sa souffrance, l’accompagner dans chacune des
étapes de sa maladie, mais surtout être disponible, voilà
comment je peux résumer la mission qui est la mienne en
ma qualité de psychologue
», conclut Justine Rahier.
Justine RAHIER
« ... Accueillir le patient dans sa singularité,
entendre et reconnaitre sa souffrance,
l’accompagner dans chacune des étapes de sa maladie,
mais surtout être disponible, voilà comment je peux résumer
la mission qui est la mienne... »
Qualité de vie