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14

MAGAZINE DE

L’ONCOLOGIE

Le bilan d’extension :

ganglion sentinelle et PET/CT

L’excision du mélanome et son analyse ana-

tomopathologique ne sont que les pre-

mières étapes de l’exploration initiale. Le

cas échéant, d’autres facteurs pronostiques

d’une dissémination métastatique devront

être contrôlés.

Le ganglion sentinelle

On distingue deux voies de dissémination des cellules tu-

morales : la voie lymphatique et la voie sanguine. Il est

relativement rare de constater une dissémination métas-

tatique hématogène, alors que les tests réalisés au niveau

lymphatique sont négatifs. Par conséquent, pour les méla-

nomes d’une épaisseur supérieure à 1 millimètre, l’exérèse

de la lésion est systématiquement couplée à un examen

histologique du ganglion le plus exposé à la dissémina-

tion tumorale, appelé "ganglion sentinelle", qu’il faudra

dès lors prélever chirurgicalement. Cet examen est aussi

prescrit pour des tumeurs plus petites présentant plusieurs

mitoses, des ulcérations ou des micrométastases.

Ce sont les chirurgiens plasticiens qui pratiquent la résec-

tion chirurgicale des ganglions. La présence d’adénopa-

thies étant rarement détectable à la palpation, les gan-

glions doivent d’abord être repérés à l’aide d’un mode

d’imagerie approprié. Le Pr Denise Jacquemin, respon-

sable de cette intervention au sein du Service de chirur-

gie plastique et maxillo-faciale du CHU de Liège, nous ex-

plique le déroulement de l’opération :

« Un radiotraceur

est injecté par un médecin nucléariste, en intradermique,

à proximité du site d’exérèse de la tumeur. Le radiotraceur,

en se propageant par les canaux lymphatiques, va s’accu-

muler dans un ganglion – parfois deux –, appelé le gan-

glion sentinelle. Ce dernier est repéré grâce à une sonde.

Dans le même temps opératoire, si l’examen histologique

préalablement effectué sur le mélanome excisé montrait

une épaisseur tumorale d’au moins un millimètre, la pré-

sence d’ulcération, de plusieurs mitoses ou la présence

de micro-métastases, une exérèse complémentaire sera

réalisée autour de la cicatrice de la lésion primitive avec

une marge de sécurité de 1 à 2 centimètres. Si l’analyse

histologique du ganglion sentinelle est positive, dans un

temps ultérieur, l’évidement ganglionnaire complet devra

être réalisé. »

Le bilan d’extension avec PET/CT

Au moment du diagnostic, la maladie est localisée dans

82 à 85% des cas (stades 0, I et II), étendue au niveau

ganglionnaire dans 10 à 13% des cas (stade III), et métas-

tatique dans 2 à 5% des cas (stade IV). Lorsque le gan-

glion sentinelle est positif, des métastases sont détectées

par scanner ou IRM chez 0,5 à 3,7% des patients. Cette

proportion augmente légèrement (4 à 16%) lorsque le

ganglion est cliniquement positif.

Considérant l’importance d’une stadification précise pour

la détermination du traitement, le bilan d’extension est

complété par un PET/CT non seulement lorsqu’il y a en-

vahissement des ganglions sentinelles, mais aussi en pré-

sence de critères diagnostiques péjoratifs au niveau exclu-

sivement local, en particulier une épaisseur de lésion égale

ou supérieure à un millimètre (stade 2 et au-delà).

Pourquoi préférer l’imagerie nucléaire pour réaliser cette

dernière phase du bilan d’extension ?

« Parce que le méla-

nome est une tumeur connue pour son hypermétabolisme

et qu’elle montre par conséquent une très bonne sensibi-

lité à ce type d’imagerie. Les métastases sont particuliè-

rement avides du fluorodéoxyglucose (FDG) qu’utilise le

PET/CT »

, explique le Pr Hustinx, Chef du Service de mé-

decine nucléaire.

« Le PET/CT permettra donc de détecter

des lésions, éventuellement de petite taille, qu’un procé-

dé d’imagerie traditionnel aurait peut-être ignorées. Cet

avantage est cependant tempéré par le caractère peu spé-

cifique du FDG, qui peut s'accumuler tout aussi bien dans

les foyers infectieux ou inflammatoires ou dans une zone

en cours de cicatrisation. Afin de détecter les faux positifs,

il faudra donc s’assurer du caractère malin des anomalies

que le PET/CT aura révélées, ce qui peut impliquer la réa-

lisation d’une batterie d’examens complémentaires, exa-

mens inévitablement générateurs de beaucoup de stress

pour le patient, d’où l’intérêt d’un sélection rigoureuse

des indications ».

Pr

Denise JACQUEMIN

Pr

Roland HUSTINX

Les mélanomes

Bilan d'extension

En haut à droite :

Le chirurgien place

la sonde sur la peau à la recherche

du ganglion sentinelle.

Image centrale :

Le compteur mesu-

re l'émission des rayonnements.

Lorsqu’un pic est identifié (834

coups/sec, sur l’image), l’incision est

effectuée et le chirurgien vérifie qu’il

s’agit bien du ganglion radioactif

(en bas à droite) .

GANGLION SENTINELLE AXILLAIRE

Profil droit

Face antérieure