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MAGAZINE DE

L’ONCOLOGIE

Les traitements des

mélanomes métastatiques

Le mélanome est un cancer qui peut rester dormant de très nom-

breuses années. «

J’ai connu un cas où le mélanome s’est réveillé

après 15 ans au niveau cérébral et il s’agissait d’un très jeune

patient

», commente le Dr Rorive.

« C’est pourquoi les patients

opérés d’un mélanome "à risque" sont revus tous les 3 mois au

début. Ce suivi clinique est réalisé avec les dermatologues et cou-

plé à des examens iconographiques (

scanner

ou PET/CT). À partir

de la 5

e

année, nous préconisons une consultation annuelle pour

les mélanomes qui avaient été jugés les plus agressifs, c’est-à-

dire les mélanomes prolifératifs où il y a beaucoup de mitoses. Il

arrive cependant que des mélanomes jugés de prime abord peu

agressifs sur le plan des caractéristiques anatomopathologiques,

se révèlent néanmoins extrêmement agressifs du point de vue

de la cinétique de la maladie. On suppose qu’il existe des méca-

nismes intracellulaires qui provoquent cette agressivité, mais la

recherche n’est pas encore parvenue à les comprendre ; c’est l’un

des objectifs qu’elle poursuit actuellement. »

Attention à la régression spontanée de la tumeur cutanée !

Dans 10 à 15% des cas, la première tumeur décelée est secon-

daire et on ne trouve le mélanome primaire que dans un

second temps, voire jamais.

« Il est déjà arrivé qu’on doive

opérer un patient d’une tumeur cérébrale qui se révèle com-

patible avec un mélanome et que la seule trace de mélanome

que l’on retrouve soit une cicatrice déjà ancienne, le patient se

souvenant seulement d’un bouton qui avait fini par disparaître

tout seul. Le plus probable dans de tels cas, c’est que le système

immunitaire soit parvenu à détruire le mélanome, sauf une cel-

lule qui s’est échappée et a donné des métastases »

, commente

le Dr Rorive. Si ce phénomène doit à l’évidence être interprété

comme un signal positif - puisqu’il démontre l’aptitude du

corps à combattre la tumeur -, il ne signifie pas pour autant

que celle-ci sera éradiquée totalement. L’agressivité du méla-

nome est telle que toute lésion suspecte doit être excisée chirur-

gicalement, quand bien même elle ne donnerait pas de signe

d’extension, voire même tendrait à disparaître naturellement.

Le Dr Andrée Rorive (Service d'oncologie médi-

cale) s’est vu confier la prise en charge oncolo-

gique des patients atteints de mélanomes en

2006. «

À l’époque et jusqu’en 2011, il n’existait

comme traitement des mélanomes métastatiques

qu’une seule ligne de chimiothérapie (dacarba-

zine) pour laquelle le taux de réponse oscillait

entre 10 et 20%. C’était ça ou les soins palliatifs…

Aujourd’hui, il existe de nombreux traitements et

le problème qui se pose est davantage de déter-

miner dans quel ordre il faut les administrer pour

maximiser les chances de rémission. En dépit de

ces progrès, le pronostic des mélanomes métas-

tatiques reste assez sombre.

»

Les métastases fréquemment générées par le mélanome

En raison de son origine neurectodermique, le mélanome

montre une affinité métastatique avec le système nerveux

central : 50% des patients métastatiques développent des

métastases cérébrales. Mais les métastases les plus fréquentes

sont ganglionnaires. Elles peuvent également être cutanées,

pulmonaires, hépatiques et, dans une moindre mesure, os-

seuses. Phénomène assez fréquent : les "lésions cutanées en

transit". Il s’agit de métastases se développant entre le site de

la tumeur primaire et les zones ganglionnaires voisines. Elles

se présentent sous la forme de petits amas ou de chapelets de

tumeurs sous-cutanées, perceptibles à la palpation et même

parfois bien visibles (parfois de couleur bleutée).

Pas de marqueurs tumoraux spécifiques

Contrairement à d’autres cancers comme le cancer du sein,

le mélanome ne produit pas de marqueurs tumoraux spéci-

fiques. «

L’examen hématologique doit donc essentiellement

viser les LDH

», précise le Dr Rorive.

« lls sont souvent le signe

d’une prolifération : quand le mélanome "flambe", les LDH

montent. Cette augmentation des LDH précède par ailleurs par-

fois la constatation clinique d’une progression de la tumeur. »

Dr

Andrée RORIVE

Les mélanomes

Traitements

A gauche : Projection 3D d’un examen PET au FDG, montrant de mul-

tiples localisations secondaires d’un mélanome. La flèche rouge illustre

une des métastases, à localisation intramusculaire, bien identifiée sur une

coupe transverse du CT et surtout sur le PET/CT fusionné (à droite)