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CHU DE LIEGE

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Les traitements ciblés

D’autres mutations cellulaires, d’autres inhibiteurs ?

La mutation BRAF n’est pas la plus seule mutation cellulaire à

l’œuvre dans le processus prolifératif du mélanome, même si elle

est la plus courante. On est parvenu à isoler au moins deux autres

types de mutation : la NRAS et la CKIT. La mutation NRAS – qui

touche moins de 20% des mélanomes – a fait l’objet d’une étude

clinique en traitement métastatique, à laquelle le CHU a parti-

cipé. Le traitement testé consistait à donner des anti-MEK ; on en

attend actuellement les résultats. Quant à la mutation CKIT qui est

encore plus rare et touche surtout le mélanome des muqueuses

et de l’ongle, on ne cherche pas systématiquement à la détecter.

Quid de la chimiothérapie ?

« Il y a à peine 5 ans, elle constituait le seul traitement.

Mais à l’heure actuelle, on n’utilise plus la chimiothé-

rapie qu’en ixième ligne, quand aucune des nouvelles

thérapeutiques n’a donné de résultat. Il s'agira parfois de

dacarbazine, mais plus souvent de carboplatine-taxol. »

Des traitements coûteux non totalement remboursés

« En l’état actuel des choses, seuls les inhibiteurs BRAF sont

remboursés par l'INAMI, bien que l’on sache que la bithé-

rapie est plus efficace et a un profil de toxicité plus faible »

,

souligne le Dr Rorive.

« Elle permet en effet d’allonger la

médiane de réponse de 6 à 9 mois et génère moins d’effets

secondaires. Le système belge de remboursement accuse

donc un certain retard par rapport au prescrit des

guide-

lines

relatives au traitement du mélanome. Néanmoins,

les firmes pharmaceutiques qui fabriquent les anti-MEK

les donnent aux hôpitaux dans le cadre d’un MNP (

Medi-

cal Need Program

), dans l’attente de l’accord ministériel

quant au remboursement de la bithérapie. Or, il faut savoir

qu’il s’agit de traitements pouvant coûter plusieurs milliers

d’euros par semaine et que certains patients continuent d’y

répondre pendant plus d’un an. »

À quand des traitements ciblés en adjuvant ?

Le CHU a participé à une étude clinique visant à tester

l’efficacité de la bithérapie à des fins préventives sur des

patients qui présentent un envahissement ganglionnaire

et sont porteurs de la mutation BRAF. Le groupe traité

était comparé à un groupe placebo dans la mesure où, ac-

tuellement, il n’existe aucun traitement destiné à prévenir

l’apparition de métastases. Cette étude est aujourd’hui

terminée, mais on ne dispose pas encore des résultats.

Jusqu’il y a encore quelques années, l’Interféron était régu-

lièrement utilisé pour prévenir l’extension métastatique,

mais la toxicité de ce produit est telle qu’en dépit du fait qu’il

parvient à retarder la survenance des métastases, la durée

moyenne de survie des patients traités ne s’en trouve pas aug-

mentée. Compte tenu, en outre, de son impact extrêmement

négatif en termes de qualité de vie des patients, ce traite-

ment a donc été presque totalement abandonné en Europe.

Les mélanomes

Traitements

Les inhibiteurs BRAF

Par "traitements ciblés", on entend pour l'essentiel les médi-

caments oraux qui bloquent une mutation cellulaire appelée

"mutation

BRAF

". C'est le laboratoire de génétique humaine

qui met en évidence la mutation à partir d'un prélèvement

tissulaire (issu d'une tumeur primaire ou secondaire). Entre

40 et 45% des mélanomes sont recensés "BRAF positifs" par

la littérature, mais pour une raison inexpliquée, alors qu’en

Flandre, aucun écart n’est signalé, en Wallonie, on est bien

en-dessous de ce taux de 40%, aux alentours de 30%. »

Pour les patients présentant la mutation BRAF, le traite-

ment repose sur l’action "d’inhibiteurs BRAF". Il en existe

deux actuellement : le

DABRAFENIB

de Novartis et le

VE-

MURAFENIB

de Roche. D'une grande rapidité d'action,

ils permettent souvent de stopper la progression de la

tumeur, mais, la plupart de temps, après quelques mois, on

constate que le mélanome développe une résistance à ces

molécules. Pour faire bref, le mélanome trouve une sorte

de déviation pour contourner le point du processus prolifé-

ratif que l’inhibiteur BRAF était parvenu à bloquer.

Les anti-MEK

Pour éviter le phénomène de résistance aux anti-BRAF,

les mêmes laboratoires pharmaceutiques ont dévelop-

pé d’autres produits inhibiteurs, appelés anti-MEK, qui

bloquent à leur tour la voie de contournement emprun-

tée par le mélanome. Depuis 2014, c’est cette bithérapie

combinant anti-BRAF et anti-MEK qui est systématique-

ment prescrite aux patients présentant la mutation. Mais

elle ne suffit pas toujours : il peut arriver qu'une fois

les chaînes BRAF et MEK bloquées, le mélanome utilise

d'autres cascades intracellulaires. Lorsque les chercheurs

auront mis au point des molécules capables d'agir sur ces

autres cascades, ce seront probablement des trithérapies,

voire des quadrithérapies qui seront délivrées.

-

TAFINLAR + MEKINIST

-

TAFINLAR

Estimated survival function

70%

OS

AT12MONTHS

44%

OS

AT12MONTHS

31%

OS

AT12MONTHS

51%

OS

AT24MONTHS

38%

OS

AT36MONTHS

FIRST LINE TREATMENT WITH TAFINLAR + MEKINIST

DEMONSTRATED LONG-TERM SURVIVAL

Unprecedented 38% survival

at 3 years in a randomized trial

9

220 STUDY (randomized PartC) :

EXTENDED OVERALL SURVIVAL (OS)

Time since randomization (months)

80%

OS

AT12MONTHS

(Ndlr : TAFINLAR et MEKINIST sont les noms commerciaux

des traitements anti-BRAF et anti-MEK)