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NA PEUT DEVENIR UN ENFER

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LA FEMME EST

RESPONSABLE

DE SA JOUISSANCE

P

armi les idées reçues, celle

selon laquelle ce serait à

l’homme de faire jouir la

femme est très en vogue…

et encourage la passivité de la

partenaire. «

On impute à l’homme

la responsabilité totale du plaisir de la

femme, mais c’est à elle de connaître

son corps, de le bouger, de connaître

lesmotsoulesgestesquiferontmonter

sonexcitation…Iln’yapasdemauvais

coups, seulement des mauvais guides!

Le plaisir ne tombe pas du ciel, c’est un

apprentissage:ilfautpouvoirexprimer

sesdésirsetinterrogerceuxdel’autre.

»

LE DÉSIR, ANTICHAMBRE

DUPLAISIR

«

Le meilleur moment de l’amour, c’est

quand on monte l’escalier

», disait

Georges Clémenceau. Tout commence

par le désir… Sans désir, il est plus dif-

ficile d'accéder à l'excitation, au plaisir,

à l'extase. Or le désir de Madame ne

répond pas aux mêmes lois que celui de

Monsieur. «

En règle générale, l’homme

désire, et la femme désire être désirée…

L’homme se vit plutôt comme sujet

conquérant, la femme comme objet de

désir, toute en séduction. Le désir mascu-

lin est surtout sensible aux stimuli visuels

(d’où l’attrait pour la pornographie) alors

que le désir féminin dépend de beaucoup

d'autres facteurs. Plus lié à l’émotionnel,

il nécessite aussi qu’elle se sente bien dans

son couple et surtout bien avec elle-même

et avec son corps

Voilà pourquoi la libido de la femme est

plus fragile que celle de l’homme. En

clair, une femme qui ne sent pas belle,

ne se sent pas désirable et ne désire donc

plus. «

Si son image d’elle-même est dé-

ficiente, sa confiance en elle s'amenuise,

elle devient plus spectatrice, s’accorde

moins de lâcher prise et aura plus de dif-

ficulté à accéder au plaisir

». On devine

les dégâts des standards véhiculés par la

publicité et la pornographie à l’aune des-

quels les femmes évaluent leur désirabi-

lité – et les hommes, leur performance.

Ce n’est pas un hasard si le nombre

d'opérations de chirurgie esthétique

augmente chaque année de 10% depuis

2000, depuis l’augmentationmammaire

jusqu’à l’épilation totale, en passant par

le rajeunissement.

SE SENTIR BIEN

DANS SONCORPS

La chirurgie esthétique n’est pas né-

cessairement un luxe, et elle accomplit

quelques miracles. Après un cancer du

sein par exemple, les techniques actuelles

de reconstruction mammaire permettent

de récupérer une meilleure image de son

corps et de réinvestir sa vie sexuelle. Pour

le Pr Jean-Luc Nizet, chef de service de

chirurgie plastique au CHU de Liège, «

la

chirurgie esthétique est avant tout de la

médecine! Elle a des répercussions immé-

diates et très positives sur le psychologique,

et épargne parfois des années de psycho-

thérapie pour que les patientes se sentent

mieux avec leur corps

».

Des demandes plus récentes, comme les

nymphoplasties (réduction des grandes

ou des petites lèvres) posent davantage

question, enparticulier chez les très jeunes

filles: «

les patientes ne disent pas tout au

chirurgien! Elles prétextent souvent un

problème fonctionnel, comme les infections

ou la dyspareunie, mais la motivation est

plus esthétique

», explique le Pr Nizet. Or

toute chirurgie implique inévitablement

des risques et des cicatrices. «

C’est la rai-

son pour laquelle on doit être un peu psy-

chologues. Si les risques sont trop élevés par

rapport aux bénéfices de l’opération ou que

je sens que la patiente idéalise les résultats

et ne sera jamais satisfaite, je tente de la

décourager… Et de la rediriger éventuelle-

ment vers un psychologue.

»

J.D

LESHOMMESNE SONT PAS

ÉGOÏSTES…MAISDEVRAIENT

L’ÊTRE UNPEUPLUS 

Le cliché de l’homme égoïste en amour a vécu. «

C’est plutôt une fausse croyance

»,

dément Géraldine Jacquemin. «

Auparavant, les hommes n’étaient pas très au fait

des attentes et des désirs des femmes, ce qui a pu faire croire qu’ils ne se préoccu-

paient que d’eux-mêmes… Mais les femmes n’étaient guère plus averties!

». Au

contraire, les hommes se montrent très soucieux du plaisir de leur partenaire,

quitte à se négliger…

Selon une enquête Ipsos, pour 99 % des hommes, le plus important dans la sexua-

lité est que la femme ait le plus de plaisir possible. Et 92 % accordent de l’impor-

tance aux préliminaires. «

De nos jours, l’homme est parfois tellement centré sur sa

partenaire qu’il se déconnecte de son propre ressenti et en oublie son propre plaisir.

À l’inverse, cela génère chez la femme une attente anxieuse qui l’empêche de s’aban-

donner totalement: «Il faut que j’arrive à jouir pour lui»…

». Résultat: d'autres dys-

fonctions peuvent survenir, comme les troubles érectiles.

Un conseil? «Soyez un peu plus égoïstes!».

J.D

POURQUOI LES FEMMES SIMULENT?

ENVIRON60%

DES FEMMES

SIMULENT LE PLAISIR

Et pour beaucoup d’entre elles, régulièrement. Scandale? Pas forcément…

Simuler peut bien sûr signifier qu’on ne s’abandonne pas totalement à l’autre

en lui refusant son intimité. «

Mais cela permet aussi de préserver l’ego: rassurer

l’homme en préservant son sentiment de virilité…et se rassurer soi-même sur sa

féminité

», explique Géraldine Jacquemin.

La simulation est parfois une stimulation, un levier d’excitation. «

Pour cer-

taines, mimer le plaisir est une manière de se mettre en condition en se prenant

au jeu… ou bien une manière stratégique d’en finir au plus vite!

». Mais atten-

tion, le partenaire risque fort de croire qu’il a «trouvé le truc», et de resservir le

même menu aux prochains ébats.

L’HOMME DÉSIRE,

ET LA FEMME DÉSIRE

ÊTRE DÉSIRÉE

Dessin: Pierre Bonnet