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E PLAISIR SEXUEL EXISTE,

LE DOSSIER MEDICAL DU MOIS

LE 21 DÉCEMBRE, C’EST LA JOURNÉE MONDIALE DE L’ORGASME.

LA SEXUALITÉ SUGGÈRE LA LÉGÈRETÉ, LE DÉSIR, L'ESPOIR ET LA VIE. LE CANCER ÉVOQUE LA LOURDEUR,

LA PEUR, LE SILENCE ET LA MORT. ENTRE LES DEUX, L’ÉQUIPE DU P

r

. ROBERT ANDRIANNE CHOISIT

LE DIALOGUE ET LA QUALITÉ DE VIE.

I

l se décrit, avec un brin d’humour,

comme «le missionnaire de l’homme».

Celuiqui,partid’unespécialitéenurolo-

gie(«

quiconcernetoutl’appareilurinaire:

du haut du rein au bout de la verge chez les

hommes

»),adéveloppévoiciunequinzaine

d’années un service de médecine sexuelle

au CHU de Liège.

«Il est bon de rappeler le cycle sexuel de

l’homme»

, souligne Robert Andrianne.

«Ledésirapparaît,danslatête,dansl’heure

qui précède le rapport. Quand l’homme aà

ses côtés une partenaire, il peut rencontrer

une excitation sexuelle (soudain, il n’a plus

enviedefairedujogging,delireouderegar-

der un film) puis, généralement, une érec-

tion, facilitée par les préliminaires. Il peut

y avoir des failles mais, si tout fonctionne

normalement, après les préliminaires qui

installent un rythme, il peut y avoir péné-

tration ounon puis, plus oumoins vite, ap-

paraîtl’éjaculatquisertàprocréermaisest,

le plus souvent, accompagné d’unorgasme,

d’une durée de 5 à 40 secondes. Suivent la

détumescence puis la période réfractaire,

variable selon les individus.»

LE CERCLE VICIEUX

DE L’ANGOISSE

Orchaquephasedeceprocessuspeutavoir

sa pathologie propre: le désir, l’excitation,

l’érection,l’éjaculation,l’orgasmeetmême

la période réfractaire. Mais

«tout est em-

preintdeculture,d’éducationetdenormali-

té,singulièrementchezleshommesjeunes»,

rappelleleProfesseur

.«Lesfacteurspsycho-

logiques sont également déterminants: en

casde«panne»,lecerclevicieuxdel’angoisse

de performance s’installe très vite et suffit à

engendrerdeséchecsultérieurs.C’esticique

la médecine va intervenir.»

Car la fatigue passagère et/ou le stress

n’expliquent pas toujours tout: l’urologie

traitedesmaladiesquicréentunproblème

d’érection, mais peut aussi induire des

problèmes d’érection liés au traitement

de problèmes de prostate.

«La prostate se

trouve au carrefour des voies urinaires et

sexuelles.Voilàpourquoinoussommestrès

attentifs aux souhaits desmalades et à leur

qualitédevie,notammentsexuelle,lorsqu’il

s’agit d’établir un traitement médicamen-

teux ou chirurgical: nous les informons et

pesons toujours avec eux les avantages et

désavantages»

.

LE SILENCE TUE L’HOMME

Souvent, pourtant, le malade rechigne

à consulter,

«persuadé qu’un urologue

va forcément tout massacrer. Or, seul un

mauvais chirurgien se contente d’opérer,

sans s’entourer de collègues qui peuvent re-

valider ce qui a été cassé»

, martèle Robert

Andrianne.

«Maisonsaitaussique,même

en cas d’adénome bénin, l’homme qui ne

consulte pas dans le souci de préserver sa

sexualité finira par s’isoler, honteux de se

lever 6 à 7 fois chaque nuit pour uriner, de

souffrir d’incontinence ou d’urgences mic-

tionnelles.C’estlesilencequituel’homme…

AuCHU,lorsqu’ondiagnostiqueunemala-

die de la prostate, on organise très vite une

rencontre avec une psycho-sexologue qui

pourra rassurer le patient et lui procurer le

juste sentiment qu’on ne traite pas que sa

maladie: on s’occupe aussi de tous les as-

pects de son bien-être. Parce que le plaisir

sexuel est un droit.»

Voilà pourquoi l’épouse, la compagne,

la partenaire de vie est également asso-

ciée:

«Elle a le droit de participer aux

décisions thérapeutique, d’entendre

tout ce que son homme a entendu. Un

homme bien accompagné, tout au long

du processus, sera plus satisfait et plus

heureux des mesures que nous pouvons

mettre en place, et les résultats obtenus

seront généralementmeilleurs»

, poursuit

le Pr Andrianne. Et de conclure:

«Il faut

toujours oser consulter et parler de sexe

avec son médecin! Rien ne me rend plus

heureux lorsque je rencontre un patient

qui n’a plus de vie sexuelle que de pouvoir

trouver des solutions avec lui. Il faut aimer

les gens pour faire ce métier! C’est ainsi

que nous formons les jeunes: à avoir une

vue holistique du malade, et à s’entourer

pour vérifier qu’ils travaillent bien.»

F.S.

P

r

ROBERT

ANDRIANNE

RESPONSABLE DU CETISM

(CENTRE D'EXPLOITATION ET DE

TRAITEMENT DE L'INSUFFISANCE

SEXUELLE MASCULINE

Service d'Urologie du CHU de Liège

LE PLAISIR SEXUEL

EST UN DROIT