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e début insidieux,
l’absence de test fiable
et la ressemblance
clinique avec d’autres
maladies du mouvement
rendent le diagnostic malaisé,
surtout au stade précoce.
Il existe pourtant des signes
précurseurs
Le 11 avril est la Journée mondiale
de la maladie de Parkinson. Cette
date commémore la naissance en
1755 de James Parkinson, méde-
cin britannique, qui fut le premier
à décrire les symptômes moteurs
de cette maladie qui touche au-
jourd’hui entre 30 et 50.000 per-
sonnes en Belgique, un chi#re qui
va doubler d’ici 2050.
Une Clinique du Parkinson et des
Mouvements anormaux, nommée
«
MoVeRe
», a été mise en place au
sein du service de neurologie du
CHU de Liège, à l’initiative du Pr
Gaëtan Garraux.
Les traitements cliniques et la re-
cherche médicale y sont combinés,
au service du patient. Il s’agit d’une
équipe pluridisciplinaire inté-
grant, à côté des neurologues, une
kiné et une in&rmière spécialisée.
Ce sont les «
Experts Parkinson
».
Ils travaillent sur «
Parkinson et les
mouvements anormaux
».
PARKINSON, C’EST QUOI ?
C’est une maladie responsable
d’une perte de neurones dans une
région bien précise du cerveau. La
mort progressive de ces neurones
entraîne une diminution de la li-
bération d’une substance chimique
appelée dopamine qui a pour consé-
quence l’apparition de troubles du
mouvement: lenteur et diminution
de la spontanéité des gestes de la vie
quotidienne, tremblements dits «
de
repos
» (ils disparaissent ou dimi-
nuent lors des gestes), rigidité mus-
culaire et posture un peu voûtée.
Un côté du corps est toujours plus
atteint que l’autre...
Ces symptômes dits «
moteurs
» ap-
paraissent généralement après 60
ans mais, dans 15 % des cas, ils dé-
butent avant l’âge de 40 ans. La ma-
ladie touche 1,5 x plus les hommes
que les femmes On n’en connait pas
la cause. Ses débuts sont insidieux. Il
n’est pas rare d’attribuer les premiers
symptômes aux e#ets de la vieil-
lesse. «
On ne sait rien y faire : on est
vieux
», entend-on souvent.
PERTE D’ODORAT
«
Pourtant, il existe parfois des signes
avant-coureurs. Ces symptômes
dits pré-moteurs apparaissent plu-
sieurs années, voire dizaines d’an-
nées, avant les premiers problèmes
moteurs. Il s’agit de diminution de
l’odorat, croissante avec le temps ; il
s’agit de troubles du sommeil (cau-
chemars ou rêves très animés) ; il
s’agit d’une constipation récurrente ;
il s’agit d’un état plus dépressif ou
une perte de l’élan vital. Attention,
ces symptômes ne sont certainement
pas spéci&ques de la maladie de Par-
kinson et ne sont pas nécessairement
tous présents chez tous les patients.
On sait pourtant que dans certains
cas, les personnes qui présentent
un ou plusieurs de ces symptômes
pré-moteurs ont un risque accru de
développer ultérieurement les symp-
tômes moteurs de la maladie.
»
Le début insidieux, l’absence de test
&able et la ressemblance clinique
avec d’autres pathologies du mou-
vement rendent le diagnostic ma-
laisé, même pour les experts, sur-
tout au stade précoce: par exemple,
on est tous sujet à un tremblement
physiologique qui peut s’accentuer
sous l’e#et de l’émotion, comme le
roi Albert II lors de sa prestation de
serment.
PESTICIDES
Vos habitudes de vie ont-elles un
e#et sur le risque de développer la
maladie ? Le sujet est débattu. La ma-
ladie de Parkinson est ainsi reconnue
en France, depuis 2009, comme une
maladie professionnelle chez les ou-
vriers agricoles qui ont manipulé des
pesticides. Il s’avère aussi que ceux
qui ont développé une pratique spor-
tive régulière voient les risques d’être
atteints diminués (hormis la boxe, cfr
Mohammed Ali, mais il avait reçu
aussi beaucoup de coups sur la tête) ;
que ceux qui boivent trois à cinq
tasses de café par jour sont à risque
plus faible. Toutes ces observations
doivent être interprétées avec pru-
dence tant que les mécanismes sous-
jacents ne sont pas élucidés.
COMMENT TRAITER ?
Une fois le diagnostic établi, faut-il
traiter ou pas ? Cela dépend du pa-
tient : s’il n’est pas gêné, le mieux est
de reporter la décision. Si on prend
la décision de traiter, quand les
symptômes deviennent insuppor-
tables pour le patient, les traitements
se répartissent en trois grandes ca-
tégories. Même si la recherche est
très active dans ce domaine, aucun
ne permet de guérir de la maladie
ni même de freiner son évolution.
1. Les médicaments.
Il y a d’abord
le médicament qui supplée la dimi-
nution de la dopamine dans le cer-
veau. C’est la «
L-DOPA
» (Prolopa®),
la pierre angulaire du traitement de
la maladie de Parkinson. Une fois
la L-DOPA prescrite, sa prise est
sans &n et en quantité croissante :
au début, deux ou trois prises par
jour mais, sur dix ans, l’évolution va
jusqu’à 4, 5 ou 6 prises quotidiennes,
parfois davantage en raison de l’ap-
parition de complications à long
terme.
A côté de la L-DOPA, il y a les «
ago-
nistes
» c’est à dire des analogues à la
dopamine (ex : Réquip®, Mirapexin®,
Neupro®). Leurs e#ets secondaires
sont plus importants. Ainsi, environ
1 patient traité sur 10 développe un
trouble du contrôle des impulsions
qui peut prendre des formes di-
verses : les achats compulsifs, jeu pa-
thologique, boulimie, hobbyisme,…
Ces e#ets sont réversibles à l’arrêt du
médicament. Les agonistes sont uti-
lisés chez les patients jeunes avant
de débuter le L-DOPA. En&n, il y
a aussi les médicaments qui ralen-
tissent l’élimination de la dopamine
par l’organisme. Ce sont les inhibi-
teurs. Le «
STALEVO®
» réunit dans
un comprimé unique la L-DOPA et
un inhibiteur.
JOURNÉE MONDIALE DE LA MALADIE DE PARKINSON
Les
experts
Parkinson
Les « Experts Parkinson » autour du PET scanner de l’ULg au Centre de recherches du Cyclotron : de gauche à droite,
le Dr. Eric Parmentier, l’ infirmière de liaison, Tamara Daelemans, le Dr J. Crémers et le Prof Garraux, neurologues spécialisés ;
Marie Demonceau , la kiné spécialisée et le Dr Frédérique Depierreux-Lahaye .
Contact :
parkinson@ulg.ac.be