L
’informatique
a révolu-
tionné la vie des hôpitaux.
D’où le besoin croissant
d’informaticiens compé-
tents, et notamment d’ana-
lystes-programmeurs, chevilles
ouvrières de ces (r)évolutions.
Au CHU de Liège, le personnel in-
formatique a doublé en l’espace de
vingt ans pour compter aujourd’hui
une trentaine de personnes. Au
sein du Département de Gestion
du Système d’Information (GSI),
les analystes-programmeurs ont
pour mission essentielle de gérer
et de développer les applications
informatiques médicales et admi-
nistratives. Or les technologies de
pointe qui caractérisent un hôpital
universitaire impliquent une multi-
plicité d’applications dans la plupart
des secteurs. Mais on ne s’y noie
pas pour autant : «
en général, les
informaticiens sont dédicacés à un
environnement, une application en
particulier
», assure Yves Jacque-
mart, responsable du Service des
Applications Informatiques (SAI).
Ce qui fait de chacun d’eux une
sorte d’expert, de référence dans son
domaine.
Si les applications sont en général ac-
quises auprès d’éditeurs de logiciels
spécialisés, il faut encore les rendre
opérationnelles, autrement dit les
intégrer dans l’environnement exis-
tant et les adapter aux besoins spé-
ci!ques d’un hôpital universitaire. Il
s’agit de maîtriser le système, d’assu-
rer la maintenance des applications,
leur mise à jour, leur sécurisation,
etc. Et comme les besoins évoluent
constamment, les applications sont
tenues d’en faire de même. Imagina-
tif, l’analyste-programmeur s’attèle
aussi à améliorer les applications, en
concertation avec les utilisateurs ou
à leur demande.
Mais qui sont ces «
utilisateurs
» ?
«
L’informatique
concerne
au-
jourd’hui tous les métiers et tous
les secteurs de l’institution,
ana-
lyse Yves Jacquemart
. Les ser-
vices administratifs, bien entendu,
mais aussi tout le dossier médical,
l’agenda institutionnel, le médi-
co-technique avec le laboratoire et
l’imagerie médicale... On est amené
à collaborer régulièrement avec l’en-
semble du personnel des di"érents
services du CHU
». Le métier sup-
pose un vrai sens du contact et de
la relation. Pour Grégory Canivet,
analyste-programmeur spécialisé
en imagerie médicale, «
il est capital
de savoir écouter et comprendre les
gens. Quand on met en place une
nouvelle solution, il faut consulter
les di"érents utilisateurs, voir com-
ment ils travaillent, identi$er leurs
besoins... Et comme ils ne sont pas
spécialement informaticiens, il faut
pouvoir retranscrire leurs demandes
en termes techniques, les traduire en
solutions informatiques
».
PARFOIS ÇA BUGGE ...
Une imprimante en panne, une ap-
plication qui bugge, un serveur qui
s’arrête... Les problèmes informa-
tiques peuvent rapidement avoir
des conséquences importantes dans
un hôpital. Avec, aussi, des cas d’ur-
gence : «
C’est la raison pour laquelle
on assure un rôle de garde,
explique
Yves Jacquemart,
pour être au ser-
vice du patient vingt-quatre heures
sur vingt-quatre et sept jours sur
sept.
»
Le dépannage n’est pas la seule fa-
cette du métier. «
On est toujours en
train d’imaginer de nouvelles solu-
tions pour répondre aux demandes
des utilisateurs,
s’enthousiasme
Grégory Canivet.
En dehors de la
routine des problèmes à résoudre, il
y a une large part d’innovation, et
c’est l’aspect vraiment intéressant
du travail.
»
INNOVER POUR LE PATIENT
Licencié en informatique de l’uni-
versité de Mons, Grégory Canivet
a été engagé au CHU voici une di-
zaine d’années pour participer à une
petite révolution dans le domaine
de l’imagerie médicale : le passage
du !lm argentique aux images nu-
mériques. Finis les CD rayés ou
illisibles, les radiographies éga-
rées... On les aurait presque oubliés.
«
Aujourd’hui on travaille avec
RIS PACS, une solution informa-
tique qui permet de gérer toutes les
images médicales générées par les
machines : échographies, scanners,
radios... Cela permet aussi de stoc-
ker toutes ces images à long terme,
et de les di"user dans toute l’insti-
tution
».
Dans le sillage du DMI – dont le
CHU est l’un des pionniers – l’in-
formatisation des données d’ima-
gerie médicale a permis d’améliorer
considérablement la prise en charge
des patients. Dès les urgences, l’accès
immédiat à l’ensemble des images
pertinentes favorise un diagnostic
rapide, et permet notamment d’évi-
ter les doublons d’examens et d’ana-
lyses. Dernière avancée en date :
l’accessibilité des données d’ima-
gerie médicale
extra muros,
depuis
n’importe quel ordinateur connecté
à internet. «
On a mis en place tout
récemment une solution informa-
tique qui permet désormais aux
patients et aux médecins traitants
d’accéder aux images n’importe où
et n’importe quand, via le site du
CHU. Les patients peuvent visuali-
ser leurs examens récents, les expor-
ter ou même les imprimer... Quant
aux médecins traitants, en plus des
images, ils peuvent accéder aux
comptes-rendus des résultats d’exa-
mens ou d’analyses
».
EN TOUTE SÉCURITÉ
De tels progrès posent naturelle-
ment la question de la protection
de la vie privée et de la sécurisation
des données, particulièrement sen-
sibles dans le domaine de la santé. «
C’est pourquoi on a mis au point un
système d’authenti$cation, rassure
Grégory Canivet : pour accéder à ces
images depuis l’extérieur de l’hô-
pital, les patients comme les méde-
cins traitants doivent s’authenti$er
à l’aide de leur carte d’identité, de
manière à assurer une sécurité opti-
male pour les données des patients
».
Des procédures essentielles...
Jen D.
L’EMPLOI DU MOIS
L’informatique pilote
la gestion de nos hôpitaux
Grégory Canivet : «L’informatique concerne tous les secteurs de l’institution.»
© D.R.