Le cancer
de la peau
PR TÉGEZ
LES ENFANTS!
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n enfant entre 0 et
10 ans qui subit de
multiples coups de
soleil importants,
c’est un billet d’entrée pour
le service de dermatologie
30 ans plus tard. Dépistages
gratuits le 23 mai au CHU de
Liège.
Le 23 mai est la journée de lutte
contre le cancer de la peau. A l’ap-
proche de l’été, nous avons rencon-
tré le Pr Arjen-F. Nikkels, chef du
service de dermatologie du CHU,
pour faire avec lui le point sur les
cancers de la peau. Il insiste sur trois
facteurs de risques :
1.
Il faut protéger les enfants.
Un coup de soleil entre
0 et 10 ans, c’est le billet
d’entrée en dermato-oncologie 30
ans plus tard. Le cancer de la peau,
cela a longtemps été une tumeur de
« vieux » : les gens ne s’exposaient
pas au soleil, ne partaient pas en
vacances, étaient plus prudents.
Aujourd’hui, un mélanome à partir
de 30 ans, c’est devenu courant.
2.
Le deuxième facteur de
risque pour le cancer de la
peau, c’est le banc solaire,
bien avant les grains de beauté ou
les peaux claires. Si on a changé
la législation sur les bancs, si le
secteur est un peu mieux contrôlé,
on n’a pas changé la mentalité des
jeunes, femmes essentiellement.
«
Le problème avec les U.V., c’est
que, si vous en abusez durant
votre jeunesse, le risque que vous
développiez un cancer augmentera
considérablement, et vous aurez
beau éviter le soleil le restant
de votre vie, jamais ce risque ne
décroîtra.
»
3.
La cigarette. Le tabac
augmente la fréquence du
cancer de la peau en multi-
pliant le risque par 2. Le tabagisme
accélère aussi, en le multipliant par
2, le processus de vieillissement de
la peau (encore davantage chez les
femmes que chez l’homme) : rides
profondes (péri-buccales), peau
terne jaunâtre…
Pas de langue de bois contre le can-
cer de la peau qui ne recule pas.
Au contraire, malgré toutes les
campagnes. Et il touche autant les
femmes que les hommes. Le cancer
le plus fréquent est le carcinome
basocellulaire : 20.000 nouveaux
cas par an en Belgique ! Il n’est ac-
tuellement pas répertorié dans le
Registre National du Cancer parce
qu’il ne donne pas de métastases
mais son incidence est multipliée
par 2 tous les 10 ans. Il y avait
10.000 cas/an en 2005, il y en aura
40.000 en 2025.
Le mélanome (2000 cas/an) est le
plus dangereux: il représente 10 %
des cancers de la peau mais 75 %
des décès (estimé à environ 800 par
an en Belgique). Plus la lésion est
épaisse, plus il présente des risques
métastatiques. Chez les femmes,
le mélanome se déclare le plus
souvent sur la face antérieure des
jambes. Chez les hommes, c’est sur
le dos.
Il y a enfin les carcinomes spino-
cellulaires (environ 2000 nouveaux
cas/an). L’issue est favorable dans
environ 80% des cas. Pour les 20%
restants, la maladie présente poten-
tiellement des complications avec
des métastases et le traitement est
compliqué car la chimiothérapie
s’avère très peu efficace.
LE SOLEIL, MON ENNEMI
LE CANCER DE LA PEAU
NE RECULE PAS…
AU CONTRAIRE, ET
MALGRÉ TOUTES
LES CAMPAGNES DE
SENSIBILISATION
La protection des enfants contres les coups de soleil est primordiale !
© D.R.
Arjen (une variante néerlandaise
de Adrien)-F. Nikkels est né à Hil-
versum (Pays-Bas). Il fait toutes ses
humanités en néerlandais. Il veut
faire des études de médecine mais,
sur les 7.000 candidats, seuls 1.800
sont repris et, au jeu de la loterie,
Arjen ne tire pas le bon numéro.
«
On peut aussi dire que j’ai eu de
la chance puisque je suis alors ar-
rivé à Liège
» sourit-il. Liège où il
fait une brillante carrière et où il a
fondé une famille qui habite à Mal-
medy. Arjen Nikkels est membre
de la Société Royale Belge de Der-
matologie et de Vénéréologie et
membre fondateur de la Belgian
Association of Dermato-Oncology
(BADO), dont il est le trésorier.
Le «
F
» de Arjen-F. Nikkels renvoie
à un prénom frison, Fokko, dont
la racine étymologique se trouve
dans le mot «
volk
» (peuple).
LES CRÈMES SOLAIRES
NE SUFFISENT PAS ?
Elles ont énormément progressé et
ont gagné en efficacité mais l’usage
qu’en font les gens ne permet d’uti-
liser que 25% de leur rendement.
Parce qu’ils lésinent sur la quantité
de crème appliquée et sur la fré-
quence : il faut s’enduire de crème
toutes les deux heures. Ainsi une
crème 50+, appliquée avec la
quantité de crème qu’on mettrait
spontanément, correspond en
fait à un facteur de protection de
15. Enfin, une crème solaire ne se
garde pas d’une année à l’autre.
ET CE N’EST PAS UN
PROBLÈME «DE VACANCES »…
Il n’est pas rare de voir des jeunes
enfants sportifs en sueur sous le
soleil de midi, en pleine exposition
quand le soleil est au zénith et par-
fois pour des matches de longue
durée. Est-ce qu’ils pensent à la
crème solaire ? Il faudrait faire un
effort d’information vers les clubs
et les fédérations dans ce sens. Si
un t-shirt en coton est sec, il pré-
sente une bonne protection : mais
dès qu’il est mouillé, la protection
diminue de 90%. Même chose
pour les adultes : une robe légère,
c’est une protection fort faible : un
jeans, c’est une protection P110 !
DONC, LE MESSAGE
AUX PROFESSIONNELS
DE LA SANTÉ…
Protection, protection et encore
protection. Elle est fondamentale
chez les moins de 10 ans. Et puis
il faut détecter. Le plus précoce-
ment possible. Le patient peut le
remarquer lui-même mais ce n’est
pas toujours le cas. Un grain «
de
beauté
» qui apparait subitement ?
Il faut recommander au patient de
consulter. Identifiées précocement,
90 % des cas n’iront probablement
jamais jusqu’au stade métastatique.
QUI EST ARJEN NIKKELS ?
D’abord se protéger « intellectuellement » de soi-même
et lutter contre l’image véhiculée par les médias du corps
de rêve nécessairement bronzé. Les mannequins dans
les magazines ont rarement la peau blanche. Se protéger
ensuite du soleil physiquement pour diminuer le temps
d’exposition. Les Asiatiques, que l’on voit se promener en
rue avec des parasols, se protègent tellement que la peau
de leur visage est la même que la peau de leurs fesses. En
Australie, le port du chapeau protecteur est généralisé.
Il serait bon que, en Belgique, on s’en inspire.
UN SEUL
MOT D’ORDRE:
SE PROTÉGER !
Arjen F. Nikkels - Dermatologue