L’installation, sous la grande verrière
(signéeCharlesVandenhove) duCHU
de Liège, d’un piano offert par un pa-
tient à l’Amicale du Personnel s’inscrit
dans une démarche d’amélioration
du bien-être de tous les utilisateurs de
l’hôpital. A la demande de l’Amicale
du personnel, c’est le Service Com-
munication qui a pris l’instrument
en main. Il s’agit d’un piano droit de
qualité, de la marque «
De Heug
», une
entreprise fondée en 1892 àMarcinelle
(Charleroi) et qui, après avoir connu
une notoriété nationale, a disparu,
après avoir, dans les années 1960,
assemblé des cuisines. Pour accorder
le piano, le CHU fait appel à la société
«
Pianos Bernard
», fondée en 1868.
DÉCORÉ PAR PATRICKHANOCQ
CREAHM
Le piano avait une caisse en bois clair,
banale et sans réel intérêt. Le CHU,
avant de l’accorder et de le mettre en
«
libre service
» pour permettre à toute
personne inspirée de pouvoir en jouer,
en a confié la décoration à Patrick
Hanocq, membre de l’association lié-
geoise Créahm (Créativité et Handi-
cap Mental), qui l’a transformé en une
véritable œuvre d’art. Rien que par sa
présence, l’objectif de l’opération«
Mu-
sicalopital
» est déjà atteint: rendre l’at-
mosphère du lieu plus légère. Patrick
Hanocq est né à Ougrée en 1961. Il a
acquis une première renommée grâce
à ses activités de danseur et d’acteur au
sein des ateliers artistiques du Cejiel
(Centre de Jour d’intégration liégeois)
puis duCréahmqu’il fréquente depuis
1984 à Liège. Faisant preuve d’un sys-
tématisme répétitif dans ses créations
plastiques, il procède par quadrillage,
appliquant assidûment des signes aux
feutres ou aux pastels sur ses fonds co-
lorés à l’acrylique. La reconnaissance
pour sonœuvre peinte est aujourd’hui
internationale. Pour le CHU, il a réali-
sé son premier piano. En réalité, il en
a fait deux puisque, mécontent de son
premier jet, il a tout recommencé une
deuxième fois !
«LA MUSIQUE
N’ADOUCIT PAS SEULE-
MENT LES NURSES»
PIANISTE ANONYME
LIBERTÉ D’EXPRESSION
«Musicalopital»
Pierre-René Somville,
kinésithérapeute au CHU de
Liège est un passionné de musique classique et un pia-
niste accompli. Il nous confie que
«jouer en public est
une mise à nu. Culturellement nous ne sommes pas habi-
tués à cela car le classique est compartimenté, placé dans
le cadre des salles de concert. Et cela n’a pas de sens. C’est
l’apport essentiel de ce piano»
.
Florence,
17 ans, élève au CRMT de Herve a commencé
le piano dès l’âge de 6 ans. Pour elle, qui trouve la pré-
sence du piano géniale,
«c’est le fait de transformer l’at-
mosphère d’un lieu qui me fascine, le contact avec les gens
me rend heureuse. C’est une expérience à double sens et je
trouve gratifiant que les gens s’arrêtent pour m’écouter».
Pascal Tromme,
chirurgien de la main au CHU de
Liège, «
a été surpris positivement en découvrant le
piano Hanocq. «Le fait de l’avoir placé sous la ver-
rière et coloré le décloisonne complètement, le rend
accueillant et accessible. Il n’est pas intouchable ou
réservé aux professionnels. Quand on joue, le cerveau
est déconnecté, on ressent la musique intérieurement
et pour autant cela ne signifie pas être égoïste.»
Julie Bauler,
23 ans étudiante en médecine, a choisi
le piano à l’âge de 12 ans.
« Je joue pour mon plai-
sir et celui des autres. Ce piano détend l’atmosphère,
j’aime me dire que je contribue à diminuer le stress
ambiant, à amener un peu de calme le temps d’un
morceau».
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«Le piano transforme l’atmosphère
de la verrière» dit Florence, pianiste,
17 ans. Elle est rejointe par les patients,
les visiteurs et… le personnel.
Un moment de plaisir partagé qui détend l’atmosphère