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L
e célèbre ophtalmologue
crée le casque « Reine
Elisabeth » avec une
visière protectrice. Il est
actif pendant la guerre à l’hôpital
«L’Océan». Au CHU de Liège, du
16 mars au 30 mai, exposition «La
Chambre du passé, la Chambre du
futur ».
Dès 1915, les équipes de secours de
l’Armée et de la Croix-Rouge sont réor-
ganisés, non sans une certaine rivalité
entre le Pr. Antoine Depage, soutenu par
la reine Elisabeth, et le Lt Général Mélis,
Médecin en chef du service de santé des
armées. Après l’inorganisation consta-
tée en août 14 à Liège, le Palais royal
charge Depage de l’assistance aux bles-
sés. Depage installe ses hôpitaux le plus
près possible du front. C’est l’hôpital
de «L’Océan» à la Panne, mais il y en a
quelques autres aussi.
Pour composer les équipes de ces «am-
bulances», Depage sélectionne, dans les
universités belges, les meilleurs éléments.
Ils proviennent de Bruxelles, de Gand,
de Louvain et de Liège. Quand la guerre
éclate, Depage les appelle pour leur don-
ner, tout en assumant leur devoir pa-
triotique, la possibilité d’améliorer leurs
connaissances et expertises. Leo Wee-
kers est de ceux là. Il a 33 ans quand la
guerre éclate.
Né à Malines en 1881, il fait ses études
de médecine, chirurgie et accouche-
ments à l’Université de Liège. Il est pas-
sionné de physiologie et de disciplines
cliniques. Diplômé en 1906, il débute
sa carrière dans le labo de physiologie
du Pr Léon Fredericq. Classé premier
dans les concours pour l’obtention des
bourses, le voilà à Fribourg, Heidel-
berg, Paris, Bonn et Londres. Pendant
deux ans, il fréquente les cliniques oph-
talmologiques les plus prestigieuses.
En 1908, il rentre à Liège et défend sa
thèse de doctorat. Professeur d’oph-
talmologie en 1912, il est appelé, à
l’entame du conflit mondial, à l’Océan
à La Panne pour en diriger le service
d’ophtalmologie (30 lits, salle d’opé-
ration spéciale, chambre noire…)
Il soigna les blessés mais adressa à
l’Académie royale de médecine une
note scientifique de 17 pages sur la
«Cécité nocturne chez les soldats (Hé-
méralopie)», une affection oculaire liée
à la vie dans les tranchées et ses activités
nocturnes. En 1918, il conçut un nou-
veau modèle de casque, protégeant les
yeux, la face, la nuque. Il l’avait fabriqué
lui-même, avec une visière mobile. La
note présentant son invention se trouve
dans les archives du secrétariat privé du
roi Albert et de la reine Elisabeth. «
Si
un masque de ce modèle était adopté,
j’ai la conviction que les yeux seraient
sauvés, que la proportion d’aveugles et
de borgnes diminuerait de manière ap-
préciable
». Il semble qu’un millier de
casques «Weekers» furent fabriqués en
Angleterre. Mais il n’y eut pas de suite:
la guerre se termina le 11 novembre.
Weekers publia encore deux articles
dans le quatrième volume des tra-
vaux scientifiques de l’Océan, l’un sur
l’ophtalmie sympathique et l’autre sur
l’organisation idéale du service d’oph-
talmologie de l’Armée après la guerre et
sur le nécessaire parcours de soins du
patient blessé aux yeux. Chaque blessé
ou malade disposerait d’une fiche ocu-
laire afin que les oculistes de l’armée de
campagne, de la zone des armées et de
l’arrière puissent s’occuper d’un même
cas en connaissance de cause.
A la fin de la guerre, Weekers retrouve
sa place à l’Université de Liège où il
devient professeur ordinaire en 1921.
Membre de l’Académie royale, il en fut
le président en 1949. «
Il forma des gé-
nérations d’ophtalmologues et continua
notoirement, avec 230 publications, à la
progression de la science
» écrit Luc de
Munck dans le «Bulletin des musées
de la Ville de Liège» (n°41 – avril 2016).
R.T.
L'ULG DANS LA GUERRE 14-18
LE PR. LÉO WEEKERS CRÉE
UN CASQUE RÉVOLUTIONNAIRE
LÉO WEEKERS FORMA
DES GÉNÉRATIONS
D'OPHTALMOLOGUES
ET CONTRIBUA À
LA PROGRESSION
DE LA SCIENCE
Extrait de:
«Le rôle des Médecins,
Infirmiers, Brancardiers dans
la Bataille de Liège».
L’Expo «Chambre du
Passé, Chambre du Futur »
se tiendra dans la Verrière
Sud, route 891, du 16 mars
au 30 mai.
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Photo1:LecasquequeLéoWeekersa inventé.
Contrairementàceque l'onpense, levisibilitéreste
excellente. (MuséeGrandCurtiusàLiège)
Photos2&3:LeprofesseurLéoWeekersàdeux
périodesdesavie