Page 13 - CHU_MagOncologie_bdef

This is a SEO version of CHU_MagOncologie_bdef. Click here to view full version

« Previous Page Table of Contents Next Page »
Traitements de pointe
CHU De L i ege
11
Une variante de cette technique est l’administration par
voie intra-artérielle de sphères radioactives. Un tel proto-
cole de radio-embolisation est en cours au CHU de Liège
en première ligne métastatique : des micro-sphères de
30 à 80 microns de diamètre, couplées à de l’yttrium 90,
sont injectées dans l’artère hépatique (plus de détails
dans le
Magazine de l’oncologie
n°4, pages 16 et 17). Des
études préliminaires de troisième et de deuxième lignes
ont d’ores et déjà montré une amélioration du contrôle
de la maladie et un gain signifcatif en termes de survie
sans progression.
L’évolution des techniques chirurgicales a en outre re-
poussé les limites de la résécabilité. L’embolisation por-
tale, pratiquée soit par une approche chirurgicale, soit
par une approche radiologique, en est un exemple. Lors
d’une première intervention, on embolise la branche de
la veine porte de manière à atrophier les segments hépa-
tiques tributaires de l’irrigation des branches embolisées,
là où sont souvent localisées la majorité des métastases
(souvent le foie droit). Dans le cas d’une approche chirur-
gicale, on résèque ou on détruit thermiquement au même
moment les éventuelles petites métastases présentes dans
le foie gauche. Quelques semaines plus tard, lorsque la
partie de foie à conserver (souvent gauche) s’est suffsam-
ment hypertrophiée, on procède à l’ablation de la partie
pathologique. Le "split", qui permet de réaliser les deux
procédures à une ou deux semaines d’intervalle durant la
même hospitalisation, est une alternative possible à cette
séquence. Une technique chirurgicale plus exceptionnelle,
inspirée des progrès de la transplantation hépatique,
consiste à pratiquer ces chirurgies très complexes de résec-
tion majeure sous réfrigération régionale, en isolement
vasculaire temporaire.
Patients inopérables
Si le patient n’est pas opérable, la chimiothérapie a pour
but d’augmenter sa survie tout en lui conservant une
bonne qualité de vie. Les thérapies ciblées (bevacizumab
et anti-egFR) ont ici toute leur place. L’avènement de
ces nouvelles molécules a sensiblement augmenté l’es-
pérance de vie, avec un bon profl de tolérance. «
Dans
les années septante, les patients métastatiques non opé-
rables ne bénéfciaient que de soins supportifs, avec une
médiane de survie de six à huit mois
», rappelle le Dr
gontran Verset. « 
Vingt ans plus tard, l’administration
d’une monochimiothérapie a porté la médiane de survie
à douze mois. Dès les années 2000, des combinaisons de
chimiothérapies en première et en deuxième lignes l’ont
augmentée à une vingtaine de mois. Aujourd’hui, en as-
sociant polychimiothérapies et thérapies ciblées, le taux
de réponses approche des 80 % et la médiane de survie
est de plus de 24 mois. Certains patients sont même suivis
pendant plusieurs années, tout en bénéfciant d’un bon
confort de vie.
»
Les patients inopérables en raison de comorbidités bénéf-
cient dans certains cas d’une radiothérapie stéréotaxique
(CyberKnife). D’autres traitements locaux-régionaux
comme la chimiothérapie intra-artérielle et la radio-embo-
lisation décrites plus haut ont également leur place. enfn,
de nouvelles molécules telles que l'afibercept ou le rego-
rafenib font leur apparition sur le marché et permettent
encore d’améliorer la survie, amenant le cancer du côlon
métastatique dans les rangs des maladies chroniques.
Pr. Pierre
Honoré
, chirurgien
« Nous assistons depuis une petite
dizaine d’années à une évolution
quelque peu provocatrice : aujourd’hui,
il n’est pas rare de traiter les métastases
hépatiques avant de traiter la tumeur
primitive du côlon. Ce sont en effet
souvent ces métastases qui mettent
en péril la vie du malade. C’est aussi
la raison pour laquelle certains patients
subissent plusieurs hépatectomies
durant l’histoire de leur maladie.»
Carcinomatose métastatique
hépatique foride.
Exemple de tumorectomies effcaces
oncologiquement tout en préservant le
parenchyme hépatique pour autoriser
d’éventuelles résections ultérieures.
Embolisation de la veine porte droite
pour atrophier le vaste territoire à réséquer
et entraîner une hypertophie compensatrice
de la partie à conserver.