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Les lymphomes non hodgkiniens sont les plus fréquents des cancers
hématologiques. A travers le monde, leur incidence augmente de 1 à
4 % par an depuis plusieurs décennies. Comment l’expliquez-vous?
Dans le classement des tumeurs les plus fréquentes établi par
le Registre belge du cancer, les lymphomes non hodgkiniens
arrivent en sixième position, tant chez l’homme que chez la
femme. Près de 2 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque
année. Et plus d’une fois sur deux, c’est chez des patients de
plus de 60 ans que les nouveaux cas sont diagnostiqués. Le
vieillissement de la population joue donc un rôle, de même
que l’amélioration des méthodes diagnostiques.
Pourtant, l’augmentation de l’incidence des lymphomes non
hodgkiniens n’est encore que partiellement comprise. Parmi
les facteurs de risque, on cite ainsi certains agents infectieux
ou encore l’exposition à certains toxiques.
Le
Pr. Yves Beguin
dirige depuis 2009 le service d’hématologie clinique du CHU de Liège.
Docteur en médecine de l’ULg (1982) et spécialiste en médecine interne (1987), Yves Beguin
s’est dès le début de sa carrière tout spécialement intéressé à la transplantation de cellules
souches hématopoïétiques, tant sur le plan clinique que sur celui de la recherche. Son service
est aujourd’hui le premier centre belge pour les autogreffes et le deuxième pour les allogreffes.
Le Pr. Beguin est également responsable du laboratoire de thérapie cellulaire et génique.
Au moment du diagnostic, l’âge médian des patients
est supérieur à 60 ans. Les traitements sont-ils
très différents avant ou après cet âge ?
L’âge calendrier et l’âge physiologique des patients fgurent
bien sûr parmi les critères qui orientent nos choix thérapeu-
tiques, ainsi que vous le lirez dans les pages suivantes. Mais
il serait faux de croire que nos patients âgés – et même très
âgés ! – ne pourraient pas bénéfcier d’un traitement à visée
curative, même si nous privilégions évidemment un traite-
ment moins agressif que chez les patients plus jeunes. Qu’il
s’agisse de chimiothérapie, d’immunothérapie ou même de
greffe de cellules souches, la prise en charge des patients âgés
est sans cesse améliorée, notamment grâce à la collaboration
de l’hématologue avec l’équipe paramédicale, l’infrmière de
liaison, le service social et le médecin de famille.
Vous insistez beaucoup sur l’inclusion d’un maximum
de patients dans des protocoles d’essais thérapeutiques.
Quels bénéfices peuvent-ils en espérer ?
Le premier bénéfce est évident : en entrant dans une telle
étude, le patient peut bénéfcier de molécules performantes
qui ne sont pas encore du domaine de la routine clinique.
Le second l’est tout autant : il a été maintes fois démontré
que la prise en charge thérapeutique est meilleure lorsque
le patient est inclus dans une étude clinique, même s’il fait
partie du groupe de contrôle. Enfn, et c’est souvent ce qui
emporte l’adhésion de mes patients, il ne faut pas oublier
que si les traitements d’aujourd’hui sont aussi effcaces, c’est
grâce aux études qui ont été menées par le passé. En accep-
tant de participer à une telle étude, les patients contribuent
à améliorer les traitements qui permettront peut-être un
jour de guérir leurs enfants ou leurs petits-enfants.
Ceci est vrai, bien sûr, pour toutes les formes de cancer, mais
avec une acuité particulière pour les lymphomes non hodgki-
niens. En effet, plus le traitement « classique » est effcace, plus
il est nécessaire d’inclure un grand nombre de patients dans les
études visant à démontrer la supériorité d’un nouveau traite-
ment, sinon les résultats ne sont pas signifcatifs. En outre, pour
que les
guidelines
refètent la population réelle des patients
atteints de lymphome, il est indispensable d’inclure dans les
protocoles des patients âgés et très âgés. C’est pourquoi nous
souhaitons intensifer notre collaboration avec les hôpitaux
de la région liégeoise, de manière à inclure un maximum de
patients dans les protocoles rédigés par les grands groupes coo-
pérateurs. Nos patients ont tout à y gagner.
Inclure un maximum de patients
dans les
études multicentriques
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magaz ine De l’ONCOLOGIE
Christophe
Bonnet
,
chef de clinique en hématologie au CHU de Liège
(service du Pr. Yves Beguin), est le rédacteur invité de ce numéro consacré
aux lymphomes non hodgkiniens. Diplômé de la faculté de médecine de
l’ULg – docteur en médecine en 1999, spécialiste en médecine interne en
2004, hématologue en 2005, puis docteur en sciences médicales en 2007–,
il est notamment membre du conseil scientifque du Groupe d’étude des
lymphomes de l’adulte (GELA), une association internationale créée en
1984 pour optimiser les efforts de recherche fondamentale et clinique.
A Liège, Christophe Bonnet est l’investigateur principal des protocoles
multicentriques ouverts dans le domaine des lymphomes. Il participe éga-
lement au projet "TENOMIC"créé par le Pr. Philippe Gaulard (Créteil) et
visant à étudier plus avant la problématique des lymphomes de phénotype T.
Entretien
avec Christophe Bonnet