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La démarche
diagnostique
Pr. Françoise
Tassin
, laboratoire de cytologie médullaire
« Le diagnostic de lymphome est parfois posé fortuitement,
lors d’une analyse sanguine de routine. » 
Ainsi que l’ont précisé les pages précédentes, le vocable
"lymphome non hodgkinien" regroupe plus de 50 entités
pathologiques différentes, décrites en tenant compte des
données histologiques, cytogénétiques, moléculaires et
cliniques. Pour plusieurs de ces entités, le traitement est
aujourd’hui bien codifé, ce qui souligne l’importance d’un
diagnostic précis, fruit de l’intégration des résultats des
analyses réalisées par l’anatomopathologiste, le biologiste
hématologue, le cytogénéticien et le biologiste moléculaire.
Ceci illustre bien tant le caractère essentiel des COM, ces
"concertations oncologiques multidisciplinaires" qui réu-
nissent chaque semaine tous les spécialistes impliqués,
que l’importance de l’expertise universitaire rassemblée
au sein d’Unilab-Lg, la structure faîtière des laboratoires
d’analyses du CHU de Liège.
Examen clinique et biologique
Outre la présence d’adénopathies, d’autres signes permettent
parfois de suspecter un lymphome, comme une perte de
poids involontaire (plus de 10 % du poids dans les six derniers
mois), une fèvre inexpliquée supérieure à 38° pendant plus
d’une semaine ou des sudations nocturnes obligeant le ma-
lade à se changer. Première étape du diagnostic, l’anamnèse
(antécédents personnels et familiaux) et l’examen clinique
sont rapidement complétés par une prise de sang, dont les
premiers résultats orientent déjà les étapes suivantes.
Les données biologiques utiles sont nombreuses : hémo-
gramme, syndrome infammatoire, bilan de coagulation,
ionogramme, glycémie, fonction rénale, protéines sériques
avec électrophorèse, bilan hépatique avec mesure du taux
de LDH (un indice de prolifération cellulaire), immunoglo-
bulines, sérologie HIV, HTLV1, EBV, hépatites A, B et C, etc.
C’est ici qu’entre en scène l’immunophénotypage, éga-
lement du ressort du laboratoire d’hématologie et d’im-
muno-hématologie. « 
L’immunophénotypage consiste à
mettre en évidence, par cytométrie en fux, la présence
de certains antigènes caractéristiques dont le CD20 pré-
sent à la surface des lymphocytes B et à la base de l’acti-
vité anti-tumorale du rituximab. Autre exemple, le CD10
typique du lymphome folliculaire
», précise le Pr. Nicole
Schaaf-Lafontaine. « 
Les cellules sanguines sont mises
en contact avec des anticorps monoclonaux couplés
à un fuorochrome ; ces marqueurs sont sélectionnés
en fonction de la première orientation diagnostique.
C’est le laboratoire d’hématologie et d’immuno-hématolo-
gie, dirigé par le Pr. André Gothot, qui se charge de réaliser
l’hémogramme et d’étudier la morphologie des éventuels
lymphocytes anormaux. « 
A ce stade des analyses, le dia-
gnostic de lymphome est parfois fortuit, au hasard d’une
prise de sang de routine
», explique le Pr. Françoise Tassin.
« 
Les premières analyses sont réalisées par un automate,
qui nous signale s’il détecte une anomalie, par exemple une
inversion de formule. Un deuxième automate, équipé d’un
microscope numérique, photographie les leucocytes étalés
sur un frottis. Un technicien spécialisé classe alors les images
"
manuellement
"
avant de me soumettre son analyse. Si
nécessaire, nous réalisons les formules au microscope tra-
ditionnel. L’expérience nous permet souvent de dépister
un lymphome à partir d’une simple prise de sang. Certains
types de lymphomes se distinguent en effet par des ano-
malies morphologiques très repérables, tandis que d’autres
présentent seulement une lymphocytose, les cellules sem-
blant par ailleurs morphologiquement normales.
»
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magaz ine De l’ONCOLOGIE
Démarche diagnostique :
une équipe d’
experts
Pour prendre une décision thérapeutique pertinente, l’hématologue doit disposer d’une identifca-
tion précise de la maladie, suivie des résultats d’un bilan d’extension complet. Cette démarche diagnostique
en deux temps implique la collaboration de nombreux spécialistes.
Cytologie : lymphome splénique villeux
(sang périphérique).